Des milliers de citoyens se sont mobilisés dans une quinzaines de villes espagnoles ce dimanche pour exprimer leur mécontentement face à la touristification qui touche leur quotidien. Ce mouvement prend une ampleur significative dans un pays qui a accueilli 94 millions de visiteurs en 2024, soit une augmentation de 10 % par rapport à l’année précédente. Alors que des lieux emblématiques tels que Barcelone, Palma de Mallorca, San Sebastián et Grenade sont devenus des spots touristiques prisés, les habitants craignent pour leur qualité de vie et l’avenir de leurs communautés.
La contestation s’intensifie face au tourisme de masse
A Palma de Mallorca, les manifestants ont bravé des températures élevées, avec près de 39 degrés, pour dénoncer l’impact du tourisme sur leur vie quotidienne. La plateforme locale « Menys Turisme, Més Vida » a rassemblé environ 8 000 personnes sous le slogan « Pour le droit à une vie digne ». Les participants ont fait résonner des revendications et des slogans tels que « Nous voulons vivre dans notre maison », mettant en avant la perte de culture et l’effet dévastateur sur l’accès au logement.
San Sebastián et la lutte pour le logement
Dans le nord, à San Sebastián, une cinquantaine d’associations se sont unies pour présenter leurs doléances concernant l’« urgence d’habitat » due à l’explosion de logements touristiques. Environ 300 personnes ont défilé avec le slogan en basque « Nous voulons vivre ici. Stop touristification ». Leurs préoccupations s’appuient sur une étude révélant que 82 % des résidents jugent le nombre de touristes excessif. Les manifestants exigent des changements concrets pour un développement économique durable dans leur ville.
Les frustrations récoltées à travers l’Espagne
À Barcelone, une autre protestation a vu environ 600 personnes s’exprimer sur l’impact du monoculture touristique sur le marché de l’emploi, la vie du quartier et l’environnement. Des slogans comme « Le tourisme nous vole pain, toit et avenir » ont marqué la journée. Certaines actions spectaculaires, comme l’utilisation de pistolets à eau, ont attiré l’attention sur les désagréments causés par l’afflux ininterrompu de visiteurs. Les critiques se sont également portées sur l’extension de l’aéroport d’El Prat.
Grenade en action
La ville de Grenade a vu environ 300 manifestants se concentrer autour du Mirador de San Nicolás, portant des messages clairs sur la nécessité de préserver leur héritage de quartier face à un tourisme jugé « prédateur ». Le porte-parole de la plateforme « Albayzín Habitable » a souligné que les habitants se sentent de plus en plus exclus de leur propre environnement. Les slogans comme « Plus de résidents, moins de clients » sont devenus un cri de ralliement pour ceux qui exigent un changement.
Ces événements résonnent non seulement dans les rues de l’Espagne, mais dans toute l’Europe, faisant écho à une prise de conscience croissante des conséquences du tourisme de masse. Les plateformes telles que Airbnb, Booking.com, et d’autres géants du secteur, sont souvent pointées du doigt pour leur rôle dans cette dynamique. Les citoyens réclament un retour à un modèle de développement qui privilégie la qualité de vie et le respect des communautés locales.