La récente proposition de réforme dans le secteur des médias au Mexique est en train de faire couler beaucoup d’encre. Avec l’approche de son approbation imminente au Sénat, la loi prévoit des sanctions financières pouvant atteindre 5 % des revenus pour les diffuseurs qui choisissent de relayer de la propagande étrangère. Cette initiative, menée par l’administration de Claudia Sheinbaum, vise principalement à réguler les contenus diffusés par les grandes chaînes de télévision et de radio, comme Televisa et TV Azteca.
Des sanctions sévères pour les diffuseurs
Selon la législation en préparation, les diffuseurs, ainsi que les plateformes numériques, seraient passibles de sanctions de 2 % à 5 % de leurs revenus totaux si ils ne respectent pas l’interdiction de diffusion de contenu promotionnel pour des gouvernements étrangers, sauf pour des campagnes culturelles et touristiques. Ces règles s’appliqueraient également à des entreprises comme Radio Fórmula et MVS Comunicaciones, ainsi qu’à des plateformes de streaming comme YouTube.
Contexte de la réforme
La campagne récemment lancée aux États-Unis, particulièrement anti-immigrante, a suscité des réactions nationalistes fortes au Mexique. Un des premiers spots de cette campagne met en scène la secrétaire de la Sécurité nationale américaine, Kristi Noem, qui appelle à la «chasse» aux migrants entrant illégalement sur le territoire américain, un message qui a été diffusé sur des chaînes de grande audience telles que Televisa.
Des informations récentes ont révélé que Televisa a généré, en 2024, des revenus de plus de 62 milliards de pesos (environ 3,2 milliards de dollars). Pour TV Azteca, des chiffres de 15,1 milliards de pesos (environ 769 millions de dollars) ont été enregistrés en 2022, ce qui signifie que les amendes pourraient s’élever à des montants astronomiques en cas de violations.
Le nouveau rôle de l’Agence de Transformation Digitale
En parallèle de ces nouvelles sanctions, la gestion du spectre radioélectrique sera placée sous le contrôle de l’Agence de Transformation Digitale, une institution qui vise à optimiser l’utilisation du spectre pour répondre à la demande croissante en communication sans fil. Cette réforme est présentée comme une opportunité de réduire la fracture numérique au Mexique et de promouvoir l’innovation technologique.
La loi stipule également que, bien que l’État supervise les contenus, les diffuseurs jouissent d’une liberté programmatique et éditoriale significative, sans censure préalable. Paradoxalement, cette clause pourrait facilement être mise à l’épreuve avec les nouvelles sanctions pour les contrevenants.
Réactions des entreprises de médias
Des figures influentes dans le secteur de la radiodiffusion, y compris des patrons de Grupo Acir et Imagen Televisión, ont exprimé leurs préoccupations face aux amendes jugées excessives. La discussion autour de cette réforme a ouvert un débat sur les limites de la liberté d’expression dans le cadre des médias mexicains.
México, un país donde incluso lo desconocido ya tiene dueño
Impacts à long terme sur le paysage médiatique
Si cette loi est adoptée, elle pourrait radicalement transformer le paysage médiatique au Mexique. Le contrôle des contenus diffusés par les grands réseaux et la régulation de plateformes numériques comme Cinemex et Sky México marqueront une étape importante dans la politique de communication du pays. Ce changement soulève des questions cruciales sur la capacité des médias à fonctionner librement sans crainte de répercussions économiques en cas de désaccord avec les positions gouvernementales.
En somme, les changements en cours dans les médias mexicains pourraient bien redéfinir la relation entre l’État et les diffuseurs. Dans une ère où l’information circule plus rapidement, la réponse du gouvernement mexicain face à des influences extérieures pourrait être le précurseur d’un débat plus large sur la souveraineté médiatique au Mexique.